Le tube planétaire « Despacito » au cœur d’une polémique au Venezuela

Luis Fonsi et Daddy Yankee dénoncent une utilisation illégale du Président Maduro pour faire la promotion de l’élection controversée d’une Assemblée constituante.

Vous n’avez pas pu passer à côté du «phénomène Despacito». Le titre reggaeton interprété par le duo de chanteurs portoricains formé par Luis Fonsi et Daddy Yankee, cartonne dans toute la planète. A ce jour, son clip bat tous les records, puisqu’il est le plus regardé dans le monde, totalisant plus de 2,8 millions de vues sur Youtube. N°1 dans 77 pays, un remix événement avec Justin Bieber… voilà à coup sûr le tube de l’année et sans aucun doute le plus gros succès hispanophone jamais connu. Surfant sur la vague mondiale qu’il a lui-même créé, Luis Fonsi a d’ailleurs récemment sorti un album intitulé Despacito & Mis Grandes Exitos (2017), regroupant ses meilleurs morceaux, dont quelques duos avec Christina Aguilera, Afrojack ou encore LauraPausini. Quant à son compère Daddy Yankee, que vous avez sûrement connu en 2004 avec Gasolina, est décidément de tous les bons coups, puisqu'il avait déjà rencontré un succès incroyable lors de son précédent featuring avec Chino y Nacho sur Andas En Mi Cabeza, qui dépasse le milliard de vues sur YouTube. 

Populaire partout dans le monde, Despacito l’est avant tout et plus que jamais en Amérique du sud, et notamment au Vénézuéla. Au bord de la guerre civile depuis des mois, le pays vit au rythme des manifestations de Caracas (la capitale) et des autres grandes villes, d’une violence inouïe, provoquant la mort de plus de 50 jeunes et d’innombrables blessés.

Dernièrement, l’impopulaire président Nicolas Maduro a provoqué un véritable tollé. Lors de son émission hebdomadaire à la télévision, le Président vénézuélien a lancé une reprise du tube de l’année, dont les paroles ont été modifiées, afin d’inciter les citoyens à « voter » pour leur future « Assemblée constituante » : « Lentement, prend un bulletin plutôt que les armes, et exprime tes idées toujours dans la paix et le calme », chante l’artiste mobilisé pour l’occasion (dont on ignore l’identité), sous les applaudissements du chef d’État et des fans venus l’acclamer. 

Au-delà du « bad buzz » médiatique, Nicolas Maduro s’est surtout attiré les foudres des interprètes, Luis Fonsi et Daddy Yankee. Furieux de l’instrumentalisation dont leur titre a fait l’objet, ces derniers ont dénoncé catégoriquement l’initiative de Maduro. Le second a été le plus véhément à l’égard du successeur de Chavez : « Tu t’appropries illégalement une chanson, mais ce n’est rien comparé aux crimes que tu as commis et que tu continues de commettre au Vénézuéla. », écrit-il, avant d’ajouter : « Ce régime dictatorial est une blague faite à mes frères vénézuéliens, mais aussi au monde entier. Avec ce plan marketing néfaste, vous continuerez à mettre en évidence votre idéal fasciste, qui a tué des centaines de personnes et blessé plus de 2000 autres… ». 

Son compère, Luis Fonsi, s’est montré nettement moins offensif mais ne manque pas de dénoncer l’initiative : « Jamais je n’ai consulté ni autorisé l’usage ou la modification des paroles de ‘Despacito’ à des fins politiques, encore moins dans le cadre de la situation déplorable que vit le Venezuela, un pays que j’aime tant ».  Et d’ajouter, sans détour : « Ma musique est faite pour tous ceux qui veulent l’écouter et en profiter. Pas pour ceux qui l’utilisent comme propagande afin d’essayer de manipuler la volonté d’un peuple qui demande en criant sa liberté ainsi qu’un futur meilleur. »

Voilà qui a le mérite d’être clair. Pour les hispanophones, retrouvez ci-dessous les lettres publiées par Daddy Yankee et Luis Fonsi via Instagram : 

Une publication partagée par Luis Fonsi (@luisfonsi) le

Jordan Meynard

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